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contacter l'auteur envoyer à un ami 03 avril 2015 j'aime mon travail, et je le fais bien. vous allez vous dire que je suis chiante, à parler encore de mon travail. mais c'est pour cette raison précise que je le fais : parce que je l'aime. je ne l'aime pas pour le salaire, ou pour les soi-disant privilèges que l'on me prête parfois. pas que. je l'aime pour ce qu'il est , un partage humain fantastique et un métier où peu de journées se ressemblent. je travaille avec des clients souvent exigeants, impolis, en colère, insultants, voire menaçants. mais je travaille surtout avec des clients adorables, respectueux, rayonnants, mais qui ont leurs petites angoisses, qui ne peuvent pas connaître les transports aussi bien que moi, et qui ont besoin que je les aide pour être rassurés. qu'ils fassent partie de la première catégorie, ou de la seconde, je suis équitable avec tout le monde : mon boulot est d'être agréable avec chacun et d'apporter mes services. point. j'aime aider. j'aime les gens. j'aime me sentir utile, renseigner, trouver une solution à des demandes parfois farfelues. je suis là pour ça. et pourtant, pour certains, mon boulot se résume à vendre bêtement des tickets et m'emmerder derrière une vitre à un guichet. ce n'est pas mon cas. et heureusement ce n'est pas ce qu'on attend de moi, l'exigeance est quelques crans au dessus. avant de trouver ce boulot, je suis passée par des jobs, disons-le, franchement sous payés, même pas déclarés, et sans aucun respect du code du travail. je sais ce que c'est de galérer, de ne même plus réussir à apprécier un boulot qui avait tout pour nous plaire, tellement on ne nous respecte pas. je conçois donc qu'on ne puisse pas toujours aimer son travail. c'est impossible de trouver du premier coup quelque chose qui nous plaît, nous convient, nous correspond . c'est parfois l'oeuvre de toute une vie. comme me l'a dit une amie, un travail sert également à faire bouillir la marmitte, et c'est évident qu'on ne choisit pas un petit boulot par passion, mais plutôt par volonté de renflouer le compte en banque. mais la grande question, c'est : est-ce pour autant une raison de mal faire son travail ? je vous explique. je suis une cliente habituée d'un subway. pas tout près de chez moi, mais bon, il est très bon, et on y est toujours bien accueillies, alors pourquoi aller donner nos sous ailleurs ? hier, après une nuit de boulot, mal réveillée, j'y vais chercher notre repas de midi, à mon chéri et moi. au moment de mettre la garniture, je dis que je souhaite des oignons. la serveuse comprend mal, et répète ce que je crois être "oignons ?" . je réponds donc oui. je la vois qui commence à mettre de l'huile d'olive dans mon sandwich. le fait est que nous avions toutes les deux mal compris ce que l'autre avait dit. moi et même le monsieur à mes côtés, qui avait bien entendu ce que j'avais demandé, nous paniquons et nous disons, d'une voix forte pour être entendus (et sous le coup de la panique) : "non non!!! c'est oignons!!!" . si un regard pouvait tuer, je ne serais certainement pas là pour vous raconter ma vie à présent. après m'avoir assassiné du regard, l'employée prend directement la mouche : "non mais c'est bon quoi ! je vous ai répété, vous entendez rien, c'est pas ma faute!". je lui dis que j'ai eu peur, que c'était juste pour qu'elle entende. "non mais je vous ai répété, répété, vous entendez rien, j'y peux rien moi" . là, si j'avais eu des forces, je pense que j'aurais pu lui sortir énormément de grossiertés (j'en ai énormément en stock)(même trop au goût de mes parents). le fait est que j'étais choquée. s'il y avait bien un endroit au monde où je n'imaginais pas qu'on me manque de respect à ce point, c'était bien ici, dans ce havre de paix , le seul endroit où je me sentais chaque fois comme une vraie cliente, considérée , respectée... contrairement au carrefour où on s'en fout de ta gueule, au mcdo où tu peux rien demander sans qu'on te lâche un soupir de boeuf ou au restaurant où tu restes à attendre, debout, un quart d'heure, avant qu'on pose le regard sur toi. j'étais fatiguée. j'étais choquée. le gérant m'a demandé ce qu'il s'était passé, s'est excusé, m'a même donné un cookie en plus. la seule réponse que j'ai réussi à avoir, c'est "ca ne me fera pas revenir quand elle est là" . et ça me fait chier parce que le pauvre, s'il a embauché une pauvre idiote dépourvue de professionnalisme, ce n'est pas vraiment sa faute. c'est un monsieur très gentil, qui connaît ma commande par coeur et qui sait très bien que je suis polie, gentille et humaine. cela m'a également gênée qu'il puisse, dans un coin de sa tête, penser que je méritais le comportement de son employée. le fait est que lorsque je fais le mauvais ticket à un client, je ne l'engueule pas. je m'excuse et je lui refais le bon. et ça se termine là. et ça me troue le cul que certains n'aient pas cette mentalité, qui n'est rien d'autre que du professionnalisme. lorsque mes collègues parlent mal aux clients, je leur fais souvent remarquer qu'ils sont un peu durs avec eux, et je me sens gênée pour les clients. j'ai parfaitement conscience qu'on puisse être à bout de nerfs, et pas fait pour le service à la clientèle. mais en attendant de pouvoir évoluer et s'échapper de là, la moindre des choses, c'est de traiter les clients comme tels, et pas comme des chiens. même les plus insultants. au moins, nous avons fait notre taff correctement. cela m'a fait mal de me dire que je me casse le cul tous les jours à supporter des injures, des impolitesses, des reproches, avec le sourire (pas toujours !) et avec calme (toujours !), quand d'autres, comme cette employée, n'ont de toute évidence aucune capacité pour gérer un métier en contact avec la clientèle. oui, elle peut ne pas aimer ça, oui elle peut avoir ses mauvais jours. en deux ans de boulot, des mauvais jours, j'en ai eu la dose, et je n'ai jamais fait subir à un client. le client, tes états d'âme, il s'en carre, et il s'en carrera encore plus si tu lui manques de respect. car t'as beau être humain, il l'est aussi. sur le million de chômeurs en france, il y a tant de personnes qui seraient ravis de faire ce travail. et même si faire des sandwichs n'a rien de foncièrement passionnant pour beaucoup de personnes, en cherchant bien, c'est facile de trouver des gens sérieux, prês à assurer un service digne de ce nom, sans caprice ni scène de ménage. j'en fais partie, et pourtant je n'ai rien d'extraordinaire. c'est juste normal. et si ça ne lui semble pas normal, à elle, qu'est-ce qu'elle fait là au juste ? on ne l'oblige pas à aimer ce qu'elle fait. mai au moins, à le faire bien. personne n'y est pour rien à nos enfantillages et nos humeurs. et ça, je l'ai compris très vite. malgré les menaces de mort parfois angoissantes, malgré les accès de violences, malgré les crises de larmes qui me sont tombées dessus au boulot à cause de la fatigue, la rage, l'humiliation et la frustration, je ne me suis jamais abaissée à être agressive et manquer de respect. et surtout pas pour une telle broutille. si en plus, le conflit vient d'un malentendu, il n'a aucune foutue raison d'être. n'avait-elle pas mal compris aussi, finalement ? si. lui ai-je dit qu'elle ne comprenait rien ? non. je n'aurais jamais dû avoir à supporter la petite colère d'une gamine dénuée de la fibre commerciale et aucunement faite pour le travail pour lequel elle est payée tous les mois. et si j'étais déjà bien sûre de vouloir épargner cela à mes clients, que je respecte et même que j'apprécie, cela n'aura fait que renforcer mon idée. parce que j'en ai marre, de payer, payer, payer, et finalement, de ne jamais être considérée. même dans les endroits que je pensais différents, on finit par se faire engueuler par les gens à qui on donne notre argent. mon argent, je le gagne en bossant le week-end, les fériés, la nuit et très tôt le matin, alors il est hors de question que je le gaspille avec ce genre de personnes. désolée, mais je l'ai sur le coeur depuis hier, et il fall